Tagada Jones

6.6.6.

A l'occasion de leur 1000ème et 1001ème concerts (le 8 et 9 février 2007 à Rennes), le combo breton de punk-hardcore éprouve le besoin de rendre hommage à toute la scène qui, plus de 13 ans auparavant, lui a donné l'envie de faire de la zique. Même si Niko (chanteur-guitariste) est aujourd'hui le seul membre de la formation originelle, la démarche est bien commune à tout le groupe, puisque tous ses musiciens (ainsi qu'un gigantesque nombre d'autres groupes) se sont nourris des mêmes modèles dans leur parcours.
L'album qui en résulte est intitulé "6.6.6.", pour six reprises, six inédits, six remixes. Ne devant pas être considérés comme un "nouvel album" à part entière, "6.6.6" se place dans la continuité de l'album précédent "Le Feu aux Poudres", tant au niveau du son des guitares que pour la place restreinte accordée aux choeurs.

Au menu des reprises, on a droit à du lourd, puisque sont repris Les Shériff, Parabellum (avec qui Tagada tournera fin 2007), OTH, Bérurier Noir, The Exploited et Trust. Les thèmes des chansons choisies sont bien évidemment politiques pour la plupart. Ainsi sont abordés la logique carcérale dans "Vivre libre ou mourir" ou encore la confiance aveugle accordée aux hommes politiques dans "Osmose 99". Les reprises sont très réussies, à presque une exception près (Antisocial" de Trust). Mais encore fallait-il oser les reprendre! Les Tagada Jones se prennent au jeu, conscients de s'exposer au mécontentement des fans des groupes repris, mais aussi de risquer de perdre leur crédibilité.
Au niveau des chansons inédites, elles trouvent dans cet album parfaitement leur place, car les trois premières sont dédiées au grand thème de "l'alternatif" (en tant que musique, idéologie ou mode de vie). La suivante est en fait la piste cachée de l'album "Le Feu aux Poudres". Quant aux deux dernières, il s'agit de featuringzzz (comme au R'n'B!): une avec Punish Yourself, et une avec le groupe de rap Cellule X. Si ces dernières sont excellentes, la qualité musicale des autres morceaux est inégale, mais saura être appréciée dans son ensemble.

La dernière partie de l'album, celle des remixes, est probablement dédiée au départ prochain du second chanteur Gus (alias Bionik Dread dans son side-project électro), qui a du mal à suivre le petit virage punk-rock amorcé par le groupe. DJ et dubbers de tous poils, tous amis des Tagada, retouchent à leur sauce personnelle des morceaux du dernier album. Les six groupes ont tous une vision de l'électro assez unique, mais on ne peut pas dire que la qualité soit toujours au rendez-vous. Si certains sortent du lot, comme X Makeena, Alif Sound System, ou encore Yosh, d'autres souffrent soit d'un manque d'assurance, soit d'un son plus que monotone.

Au final, "6.6.6." est un album qui ne se veut pas représentatif de la discographie de Tagada Jones, ni même de la totalité de ses influences (puisque celles-ci vont puiser autant dans le punk que dans le métal). Par contre, cet album-hommage confirme la volonte affichée par le groupe de retourner à un punk-rock plus incisif et plus simple.
Le CD, présenté dans une copie sympatique, ravira autant les fans du groupe que les nostalgiques des "belles années" du punk francophone. Et avec un peu de chance, même les amateurs d'électro y trouveront leur bonheur...

Jouer avec le feu en écoute sur lemyspace du groupe

Xim

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